mardi 13 juillet 2010

Le roi aux oreilles de bouc

Un conte bulgare a pour titre "Tsar Troïan". C'est l'histoire d'un roi qui, un matin, en se réveillant, découvrit qu'il avait des oreilles de bouc. A partir de ce jour-là, il fit tout pour les cacher, et personne n'en savait rien, excepté le barbier qui le rasait tous les jours et qui avait promis de ne rien dire. Mais le barbier était un homme simple et il lui était difficile de garder un secret pareil; alors un jour, n'y tenant plus, il alla dans la forêt, se coucha sur le sol et c'est à la terre qu'il confia le secret. A cette même place, quelque temps plus tard un arbre poussa. Mais cet arbre était bizarre: les enfants utilisaient le bois de ses branches pour fabriquer des sifflets, et quand ils soufflaient dedans on entendait ces paroles : "Tsar Troïan a des oreilles de bouc! Tsar Troïan a des oreilles de bouc!" Le roi finit par l'apprendre; il appela le barbier qui essaya de se disculper: il n'avait confié ce secret qu'à la terre. Oui, sans doute, mais à la terre non plus il ne fallait rien dire.

On retrouve ce conte initiatique en Grèce: c'est la légende du roi Midas qui avait, lui, des oreilles d'âne. Et de nos jours encore on entend dire que "les murs ont des oreilles." Cela signifie que toute matière est un support sur lequel tout s'enregistre et à partir duquel, donc, tout se transmet. C'est une loi: chaque parole, chaque pensée, chaque sentiment s'enregistre, d'abord sur nous-même, mais aussi sur tout ce qui nous entoure, et peut donc être un jour connu de tous.

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